Je suis issue de l’adoption internationale, fille de parents normands et de grands parents agriculteurs. J’ai ensuite visité la Corée, mon pays d’origine, comme une étrangère parmi les autres.
Je travaille le textile, suis une analyse lacanienne et pratique le yoga depuis plusieurs années. Ces trois disciplines forment les trois piliers de ma recherche et contribuent à « réparer », ou à repriser mon histoire d’origine. Je m’intéresse aussi à de nombreux sujets : l’Histoire générale, la littérature (romantique, naturaliste), les sciences (physique quantique), les différentes formes de spiritualités et l’histoire de l’art (musique, peinture, sculpture).
Mon travail artistique n’est pas séparé de ma quête spirituelle. C’est un travail de la matière qui incarne mon cheminement intérieur et donne à voir la multitude d’un monde caché. Au début, il s’agissait d’un monde étrange, voire étranger, je ne percevais pas encore les règles du jeu. J’ai vu apparaître sous mes doigts des formes étranges, des matières inconnues, des choses ressemblant à des petits morceaux de corps, des larves, des embryons de quelque chose. Et j’ai fait des rapprochements avec ce qui me traverse : mon histoire d’abandon, mes interrogations au sujet de l’origine de la vie, la mort et les esprits, j’ai construit des totems et des poteaux funéraires, j’ai donné aux dieux des ex voto et des amulettes.
Là où je suis la plus troublée, la plus déconcertée, c’est face à la Mère. Une sculpture morcelée et douce à la fois. Elle est en première page de mon site internet. Elle est apparue en 2012 environ, et me parlait de ma mère d’origine. Je n’en suis pas fière, j’en suis plutôt triste et déchirée. Je ne suis pas vraiment fière de mon travail, mais il est moi, tel quel, nu et sans prétention, sans fard.
Je recherche une galerie qui pourrait représenter mon travail. Je défends un art contemporain sensible au travail de la matière, celui-ci m’a conduit à la découverte de qui je suis, il me grandit et m’accompagne, comme un miroir, le long du chemin. Mon histoire personnelle, celle de l’abandon de mes parents, de mon pays et la reconstruction dans mon pays d’adoption mais aussi ma quête artistique et spirituelle, tout cela dialogue avec la matière et je sens grandir ce travail depuis plus de 20 ans.
